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Histoire, actualité et sentiments
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19 janvier 2011

Sens de l'histoire et politique

Un homme politique qui n'a pas le sens de l'histoire peut-il être un grand chef d'état ?

C'est une question essentielle qui se pose pour les chefs d'états actuels. En effet, un Clemenceau, un De Gaulle ou un Churchill, qui ont tous laissé des écrits politiques ou des mémoires, inscrivent leur action politique dans l'Histoire. Certes, les trois hommes mentionnés ont eu à affronter une épreuve majeur, celle d'une guerre. 

Il semble auojourd'hui qu'en France, les hommes politiques n'ont pas de connaissances historiques importantes. Cela vient d'une part de leur formation, d'autre part de l'éloignement de l'Histoire comme élément déterminant de la politique. 

Une grande partie des hommes politiques est passée par l'Institut des Études Politiques (Sciences Po) et l'ENA. Dans ces deux institutions, on apprend l'Histoire contemporaine, celle du XXe siècle. Dans cette histoire, le seul grand sujet clivant, c'est celui de la France de Vichy. Mais, ce sujet semble aujourd'hui éloigné des débats politiques. Les hommes politiques passés par ces institutions n'évoquent plus le rôle de Jeanne d'Arc, l'importance des Sans Culottes ou les effets du désastre de Sedan.

De plus, les éléments et les références historiques importants qui ont fait la vie politique jusqu'aux années 1990 ne sont plus présents dans la vie politique. Le clivage entre marxiste et libéraux, clivage également fondé sur les sciences historiques, est devenu marginal. La science historique n'est plus un enjeux de débat.

Les seuls débats qui subsistent sont mémoriels. Ils agitent l'hémicycle sur la reconnaissance des crimes ou du rôle de la France. Lors de ces débats, on se rend compte du manque de connaissances historiques de nos hommes politiques. 

Ce manque de connaissances historiques, de références historiques me semble préjudiciable. Parfois, dans certaines situations nationales ou internationales, comme un déplacement en province ou la crise libyenne, ce manque me paraît devenir un problème dans la décision politique essentielle de nos dirigeants. 

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Commentaires
A
Je suis d'accord avec vous sur la faible 'influence des Lumières sur la population ; les Lumières ne touchent pas tout le monde. Néanmoins, le rayonnement des Lumières est important, comme le montre la diffusion de l'Encyclopédie, et dépasse à ce moment les élites anciennes pour atteindre de nouvelles tranches de la population. <br /> Oui, les idées sont très souvent issus des intellectuels. En revanche, je crois qu'aujourd'hui, les intellectuels français ne négligent pas les facteurs économiques. C'est notamment le cas en Histoire ou le domaine de l'Histoire économique se développe. <br /> La société française semble en effet rester très conservatrices, notamment vis à vis de la situation du pays et également des obligations européennes.<br /> En revanche, je pense que la vie politique est professionnalisée depuis la création des partis politiques au début du XXe siècle. Ce qui a changé, c'est que les hommes politiques étaient souvent issus des professions libérales (avocats, médecins), de Normal Supérieur et des professeurs d'université notamment. Aujourd'hui, la formation par l'ENA semble créer une classe politique assez uniforme, auquel il manque parfois une certaine culture historique et une meilleure connaissance du monde.
S
Je ne suis, justement, pas convaincu de l'influence des Lumières sur l'ensemble de la population française, mais, par contre, elle l'a été sur les intellectuels de l'époque, et a permis la révolution. De même, aujourd'hui, les idées sont l'apanage des intellectuels, qui refusent avec passion tout ce qui a rapport à l'économie marchande, la financiarisation, la technologie, les sciences appliquées. Ce qui les coupe de tout un monde, majoritairementt anglo-saxon, et de la réalité de la société française.<br /> Laquelle pratique joyeusement, mais pour d'autres raisons l'ignorance de l'économie, celle des obligations européennes, celle de l'état réel du pays. Chaque groupe pratique à sa manière un conservatisme, référencé à des idées dépassées. <br /> C'est le facteur qui, selon moi, a poussé à la professionnalisation de la vie politique, grâce à ses enseignements spécialisés des Sciences Po et de l'ENA. Il y avait un décalage entre les compétences des élus et les nécessités des sociétés modernes.<br /> Avec l'aide plus ou moins discrète de ces technocrates, l'État gouverne envers et contre les protestations catégorielles.
A
C'est question est complexe... <br /> Je ne sais pas si les personnages historiques ont une influence déterminante sur le le long terme, sur l'Histoire longue par exemple, car je ne connais par leur marge de manoeuvre. En revanche, les conditions et les structures ont sans doute un rôle important. Une des choses qui me semble importante, c'est justement l'évolution de ces structures, comme l'évolution du climat, l'impact d'une technique nouvelle, l'adoption d'une croyance. <br /> Faire la part de chacune de ces structures reste un des travail principal de l'historien. <br /> Ainsi, le rapport entre économie marchande et Réforme est effectivement une de ces questions importantes. Pourquoi la Réforme luthérienne gagne facilement les pays nordique et une partie de l'Allemagne, et échoue dans d'autres pays, comme le sud de l'Allemagne ou la France ? Il y a sans doute des questions économiques, mais aussi géographiques, comme l'éloignement à Rome, ou encore sociale, comme la structure de la noblesse. <br /> Quant à votre remarque sur l'influence réciproque des trois éléments, ruralité, catholicisme et monarchie absolue, leurs rôles sont sans doute très importantes. Mon opinion est un peu différente de la votre, car je crois que l'influence de ces trois éléments décroit singulièrement à partir de la moitié du XVIIIe siècle.
S
Tout en reconnaissant un rôle déterminant des personnages historiques dans le cours des événements, je me suis attaché à des déterminations échappant à l'histoire proprement dite, comme les dominantes économiques et religieuses.<br /> Ainsi, en France, la place de l'agriculture, permise par la qualité particulières des terres, à quelques exceptions près, est encore très prégnante. <br /> Elle me semble avoir favorisé le développement d'un système monarchique, qui a pris en charge la défense du territoire, ouvert aux invasions, et les infrastructures indispensables à sa propre efficacité. Le faible développement de l'économie marchande a favorisé le catholicisme lors des guerres de religion du XVIe siècle.<br /> Toutes les évolutions économiques rendues nécessaires par la compétition européenne se sont faites à l'initiative des monarques, puis, des gouvernements. Le rôle de l'État, honni et appelé en toutes circonstances nous est caractéristique.<br /> Ruralité, catholicisme, et monarchie absolue ont structuré notre pays. La révolution n'a pas changé profondément les choses.<br /> Enfin, c'est mon point de vue!
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